Salut Jean-Pierre.
Comme tu le sais, j'ai entamé un étude du genre Otidea depuis 2 ans, et je continue... Pas toujours facile d'y voir clair et il n'existe pas de travail exhaustif. Si tu veux, tu peux m'envoyer un échantillon (frais de préférence) à l'occasion de tes récoltes, je tâcherai de proposer un nom.
Amitiés
Nicolas

À ce propos, j'ai été conduit à une impasse en essayant d'identifier une récolte récente attribuée à ce genre. Pour ce faire, je me suis servi, entres autres, du travail de Jean Mornand et Régis Courtecuisse (Le genre Otidea et espèces affines en France. Bull. mens. Soc. linn. Lyon (2005), 74, p. 65 - 84), auquel a d'ailleurs contribué Nicolas Van Vooren. Le caractère essentiel de cette récolte est, à mon sens, la petitesse de ses spores, mesurées sur sporée : 9 - 10,5 (10,8) x 5 - 6 µm. En prenant en compte ce seul critère, on aboutit àdeux taxons,similaires à ce point de vue.
1. O. alutacea (Pers.) Massee var. microspora Kanouse, aux spores mesurant 9 - 11 x 5,5 - 6 µm ;
2. O. leporina (Batsch : Fr.) Fuckel var.minor (Rehm) Sacc., dont les spores ont une taille analogue, 8 - 11 x 5 - 6 µm.
(Sur ce point, on pourrait légitimement s'interroger sur la fiabilité du degré d'exactitude et de précision de ce type de données, les mensurations anciennes n'ayant peut-être pas été relevées toujours sur une sporée dûment obtenue...).
Quoi qu'il en soit, et n'ayant pas réussi à voir,pour comparaison éventuelle, des images de ces deux variétés, je n'ose aucune conjecture sur le nom de mes spécimens. J'ajoute, à toutes fins utiles, qu'ils ont été découverts sous Pinus sylvestris, dans la mousse recouvrant la rocaille calcaire d'une ancienne carrière, à Neufchef (Moselle) et que leurs apothécies,plutôt grêles, atteignaient au maximum 25 (30) mm de hauteur. Je me permets de joindre leur portrait, tiré avec et sans flash.
Je vous remercie de vos suggestions et observations éventuelles.
Très cordialement
Gérard

...2ème photo, prise avec flash

Les couleurs font effectivement penser à O. alutacea même si je l'ai rarement vu sous un aspect aussi "élevé". La petite taille des spores oriente effectivement sur la variété microspora. Néanmoins, ce qui est déterminant pour ce complexe "alutacea", c'est la forme des spores : elles sont très majoritairement oblongues (cf. photo jointe). Les autres espèces ne présentent pas de spores avec une telle forme. C'est donc ce point qu'il faut contrôler en premier lieu avant d'aller plus loin.

Quand on cherche par internet les images d'Otidea "rapportées" à alutacea ou à leporina, on reste confondu par la diversité-c'est un euphémisme!- de leur aspect, en partculier de leur couleur. Celle-ci va du jaune serin au brun de datte en épuisant toute la gamme des nuances intermédiaires; et ceci est vrai pour les deux espèces! Idem pour leur forme, de pézizoïde à typiquement "asinauriculaire". Sur ce plan, il est donc impossible de se faire une religion personnelle. Quant à la silhouette de leurs spores respectives, j' aimerais, pour comparaison, voir celle attribuée à O. leporina. Toutefois, les spores de ma récolte ressemblent fort à celles que tu nous montres, en particulier aux deux de droite, celle de gauche étant exclue par son étroitesse relative. Par contre, sur la sporée obtenue à partir de mes spécimens, j'ai pu noter une très grande homogénéité de forme, donc de rapport longueur/ épaisseur, des spores observées.
Cordialement.
Gérard Trichies

Je vais me permettre d'ajouter une sourire à ce que dit Gérard... Je n'ai plus guère d'espoir, contrairement à lui, quant à la détermination des otidées que je trouve ces temps-ci. 4-5-6 espèces??? je ne sais. Les micros tournent en rond, impossible de les arrêter. J'aimerais attraper le pompon du manège de temps en temps.
On compte un peu sur toi Nicolas, internet ne semblant d'aucun secours, comme le dit Gérard.
Mais on continue avec plaisir à les ramasser bien sûr.
Respectueusement
jean pierre

Comme il règne une certaine anarchie nomenclaturale dans ce genre, ne soyez pas surpris d'en trouver l'illustration sur Internet !
Ne soyez pas découragé, lorsque nous serons (je dis "nous" car nous sommes plusieurs à travailler sur le sujet) revenus aux fondamentaux ; étude des types, analyse comparative, etc. puis analyse moléculaire, je pense qu'on y verra un peu plus clair. :-)

P.S. : Jean-Pierre, j'ai bien reçu tes échantillons.

Pour répondre à Gérard sur O. leporina, personne ne peut dire aujourd'hui ce qu'est véritablement O. leporina au sens de Batsch, de nombreuses interprétations et hypothèses ayant été posées. L'une d'entre elles en fait un synonyme d'Helvella silvicola (ce qui n'est pas aberrant du tout).